Oracle, aura-t-on l’honneur de vous abreuver ? De vous alourdir de questions sans réponses ? Et que répondrez-vous ? Je vous entends déjà nous dire : « la réponse est dans la question ». Mais ne sera-ce pas trop attendu ?
Oracle, oserez-vous nous rétorquer des vous, des nous, des ribambelles d’intonations qui veulent dire non ? Des sans façon de mille façons ?
Oracle, raclerez-vous les dalles du temple d’Apollon quand nos questions, sacrifiées, s’y videront de leur sens ? Aurez-vous pitié de notre Pythie, dépitée, ravalant son python quand nos réponses, piteusement, lui passeront sous le menton ?
Oracle, ravalerez-vous votre fierté quand pour rien nos salives seront usées ? Au lieu de vous moquer, ne pourrez-vous nous écourter, ne serait-ce que de l’écho de nos sollicitudes ?
Oracle ! Acclamerez-vous le peuple quand celui-ci se sera prosterné, prostitué, prosopopée !? Quand il marchera sur les genoux, sans queue ni tête, l’âme eunuque, malsain d’esprit, sans père ni fils ni soubrette à soumettre sous l’Adam ?
À quoi bon vivre si la chair n’est plus qu’idée, plus guidée ?
Oracle, vous rappellerez-nous que le temps n’est guère à la guerre, que le temps nous manque, mais qu’Apollon nous veut beaux, nous veut nus ? Me serai-je à ce point mis à nu que j’en perdrai le corps et encore la raison, ma foi ?
Oracle, me voyez-vous comme je vous crois ?