De pluies et de chair

Si j’étais un dinosaure, je serais leur dieu, fait de pluies et de chair sans une once d’esprit, tout au plus empli de pulsions insoumises. Plus longs qu’une vie, mon cou serait ma colère et ma queue ma convoitise, ils me verraient tel que je suis : seul et symbolique, et mes pattes porteraient leurs espoirs pathétiques. Tonne après tonne, je broierais leurs prières si elles s’échappaient, si elles chutaient de mon dos voûté en guise de ciel orageux, jusqu’à ce qu’à cause d’eux je patauge dans la boue de nos souffrances conjointes. Ils me laisseraient m’y empêtrer, car c’est dans la nature des choses. Jusqu’à ce que l’orage passe. Jusqu’à ce que ma colère s’affaisse, jusqu’à ce que je ne désire plus rien d’autre que reposer là, oublié de tous, léguant le fossile de ma rancœur à l’Histoire.

J.C. – 15 janvier 2016

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