Il se laissait regarder, amer et troublé, froid. Sa danse ambrée le séduisait. Captivé par un seul tintement, un moindre éclatement, l’homme seul hésitait. Laissant le temps décomposer ses sens un par un comme s’il lui filait une énigme entre les doigts. Froids. Il était comme le plomb qu’on change en or, de plus en plus clair, brillant, le long d’un processus engourdissant. Tandis que l’arôme fumé toujours plus furtif le pressait, il hésitait. Entre laisser se noyer des larmes imaginaires et déposer enfin ce verre sur la table.
C’est ce qu’il fit, libérant un son mat ! Car il préférait le whisky sec. Sur cette même surface de chêne vernis, un jeu d’échecs était déployé, assorti. L’homme avait pris place devant un miroir. Entre eux deux, le plateau, les blancs de son côté. À sa gauche l’or en transmutation et sur l’autre rive un verre de rhum sans glace, le teint halé, imperturbable.
Ils se regardèrent, puis d’un air entendu soulevèrent le rhum ensemble jusqu’à le faire tinter.Il n’avait plus qu’à le porter à ses lèvres pour humer ce parfum vanillé devant lui ouvrir la voie de mille plaisirs confondus.
Avait-il besoin d’éclaircir ce mystère ? Il était seul, voilà tout !
Fin août – début septembre 2011