En voici encore une… encore une que je ne suis pas arrivé à finir… Il faut croire que j’ai cruellement manqué d’inspiration ! Mais elle a circulé, savez-vous… Laissez-moi vous conter son histoire…
Elle commence avec ce poème intitulé Que le temps nous désosse ! Titre qui en constituait également le dernier hémistiche, jusqu’à ce que, plusieurs mois plus tard, je décide d’y ajouter un quatrain en guise de conclusion.
Au-delà des taches de cerveau naturelles,
L’oeil alerte aura sondé le fond du pathos,
Ensevelis sous le tas de notre or charnel.
Attendant patiemment que le temps nous désosse.
Cet or charnel méritant que je m’y attarde, j’ai composé une fresque poétique en quatre parties, intitulée Notre or charnel. Cent dodécasyllabes volontairement irréguliers (pour que l’on doive y imposer une régularité).
Jumelles macrâles s’endiablent sur ma vierge noire,
La convoitent l’une l’autre au prix d’une diarrhée.
Agis par les sulfureux démons du placard,
Leurs balais de sexe assoiffés brassent les marées.
Ce fut sans doute le poème le plus énigmatique et le plus cru qu’il m’ait été donné d’écrire. Les images que j’y ai soulevé m’ont hanté. J’ai compris que je n’en avais pas fini avec l’or charnel… Alors j’ai entamé la nouvelle...
Notre or charnel
Solange et Angélique sont comme deux ailes de chauve-souris : elle batifolent ensemble, foncent à même allure, se plient puis se replient d’un commun accord et dorment côte à côte d’un sommeil sensible et renversant, toutes pendues qu’elles sont à leur charpente. Leur maison est faite d’un bois massif et profond, recouverte d’ombres ravissantes qui chaque nuit se glissent autour d’elles pour les protéger contre les lueurs d’ange.
Ainsi les deux sœurs, en tous points semblables, ont été élevées dans la noire chaleur de l’habitat. Telle était la volonté de leur mère, la monstrueuse Louve noire, dont on assure que le sein perlait du sang.
Solange et Angélique appartiennent à la caste des sorcières d’Ombre. Elles se distinguent de leurs pairs, car la nuit d’obsidienne qui a présidé leur naissance les a dotée d’une paire d’ailes à plumes d’encre. Elles sont nées jumelles sous le signe de la Lune noire. C’est un funeste soir, un soir où nul astre ne brille, qui les accueillit dans leur vie d’obsidienne.
Les nouveaux nés de ces nuits reçoivent la marque du Chaudron dévorant. Elle scintille au fond de leur sexe et nul ne peut la voir, à moins d’y laisser l’œil. Seules les femmes ont droit à cet égard, les hommes nés la même nuit sont égorgés vifs en même temps que noyés dans un bain d’absinthe bouillonnant.
Leur corps exsangue est exposé aux pâles spectres de l’autel lunaire, au cœur même de la Forêt des Sorcières. Leur tendre chair est une friandise réservée aux suivants de la Louve noire, et leurs ossements alimentent les pensées des arbres morts. Quant à leur sang mêlé de liqueur folle, il est livré comme philtre aux lupanars.
Certes, les sorcières habitent la forêt. Une forêt parsemée de chênes séculaires aux branches à tel point tortueuses qu’elles semblent vouloir se nouer d’arbre en arbre, comme pour sceller l’union de la nature.
Leurs feuilles ont la couleur du ciel qui ne connaît pas le jour et sont éternelles. Jamais l’automne ne les emporte.
Parmi ces êtres, il en est un plus ancien, titanesque, qui depuis que les hommes ont appris à penser fait office de lien entre fantasmes et réalité.
Et, comme vous le savez, j’ai laissé cette nouvelle à l’abandon… Cela dit, la blessure était trop forte et les personnages attachants. J’ai donc investi la poésie avec le couple d’obsidienne, explorant d’autres horizons…
Lune pour l’hôte
Solange Angélique
Sont comme deux ailes de chauve-souris
Jamais lune sans l’autre
Elles voyagent au fil de la nuit
Succubes et soyeuses
En proie aux délices de l’offrande
Croqueuse et cynique
Solange mord les rêves et les cris
Ses fidèles apôtres
Apportent à sa bouche leurs minuits
Câline et songeuse
Elle caresse l’espoir en amande
Vautrée sans sommeil
Angélique enseigne la musique
Ses élèves absents
Trépassent à la dernière note rouge
Subtile et poète
Elle endort l’espoir insolent
Elles se disent pareilles
Mais l’une s’éclipse quand l’autre applique
Elles goûtent au même sang
Lune est calice si l’autre est rouge
Elles se surent ascètes
Mais leurs corps leur sont succulents
Aujourd’hui, j’ai envie de poursuivre la nouvelle, car elle me semble riche d’une histoire personnelle en plus de son contenu. Et vous, lecteurs venus du fin fond du cyberespace, qu’en diriez-vous ?
Tes textes m’inspirent comme m’inspire tous les acteurs du mouvement surréaliste; je ne veux pas te baliser , que du contraire..et encore moins te coller une étiquette ( je déteste ça ); j’aime tes mots, c’est tout ! Carine-Laure Desguin
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Ce texte a un grand secret, que je ne peux dévoiler (un « auteur » ne doit pas toujours se vendre… 😉 ). Voila ce qui explique la présence de ce décalage. Je peux juste te dire que la première partie (lancement de l’histoire, témoignage) et la seconde (les 2 textes que « Lucie » « écrit ») ont été écrit séparément. Cette nouvelle contient donc 3 textes, écrits chacun à des moments très différents. J’aime ce contraste car je le comprends, et que certains autres comprendront aussi peut être, ou peut être jamais. Peut importe, il me rassure. Car mon héroïne est peut être morte, mais ma personne et quelques pensées sont sauvées.
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Simple conseil: Crois tu que je devrais retravailler cette partie de texte, le point culminant comme tu dis, pour qu’il soit à la hauteur du reste de la nouvelle (niveau émotion)? (Lucie)
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